Climafed : « 2025 doit faire la différence pour le chauffage durable et la transition énergétique »
16/01/2025Climafed, la fédération belge des technologies climatiques, dresse le bilan d’une année tumultueuse pour le secteur du chauffage. Bien que la situation semble se stabiliser après une année 2023 désastreuse, les chiffres de vente restent historiquement bas. Entre-temps, des informations trompeuses et une vision à court terme mettent davantage la transition vers des solutions de chauffage durables sous pression. Cela rend l’action d’autant plus urgente : 2025 doit être une année de choix clairs et de confiance retrouvée.
En 2024 205 000 générateurs de chaleur on été installés en Belgique, ce qui a maintenu, comme en 2023, les ventes à un niveau historiquement bas. Cela représente une nouvelle baisse d’environ 22 à 23 % par rapport à 2021 et 2022, indiquant que le secteur se situe désormais pour la deuxième année consécutive à un creux historique.
Ce qui est frappant, c’est un net changement dans les préférences. Les générateurs de chaleur traditionnels, comme les chaudières à gaz et à mazout, ont connu une hausse inattendue. Les ventes de chaudières à gaz ont augmenté de 9,5%, passant de 152 000 appareils en 2023 à 166 600 en 2024. Pour les chaudières à mazout, la hausse est encore plus forte : +28 % (de 9 800 à 12 500 appareils). Cette augmentation est surtout perceptible en Wallonie, où les consommateurs ont anticipé l'interdiction annoncée des chaudières au fioul dans les nouvelles constructions à partir de mars 2025 et lors des remplacements à partir de 2026.
Face à ces chiffres, on constate un fort recul des solutions durables. Les ventes de pompes à chaleur hydroniques ont chuté de 40 %, passant de 42 000 appareils en 2023 à 25 000 en 2024. Les pompes à chaleur monobloc, en particulier, ont connu une baisse dramatique de 60 %. Les chauffe-eau thermodynamiques, qui devraient constituer une étape accessible vers les énergies renouvelables grâce à leurs avantages économiques et leurs subventions élevées, ont eux aussi reculé de 48 % (de 31 500 à 16 500 appareils). La situation des chauffe-eau solaires est tout aussi préoccupante, avec une baisse de 60%. Malgré leur efficacité prouvée et leurs avantages économiques, ces solutions restent sous-évaluées, en partie à cause de la perception négative qui s’est transmise des panneaux photovoltaïques vers les capteurs solaires.
« Il est vraiment incompréhensible que les consommateurs ne se tournent pas massivement vers des technologies comme les chauffe-eau thermodynamiques et les chauffe-eau solaires », déclare Patrick O, responsable des Affaires Publiques chez Climafed. « Ces produits offrent non seulement des avantages pour le climat, mais aussi pour le portefeuille. Cela montre qu’il est urgent d’améliorer l’information et de réduire les obstacles économiques. »
Les causes : obstacles économiques et perceptions trompeuses
Les chiffres décevants de 2024 résultent d’une combinaison complexe d’obstacles économiques, d’incertitudes politiques et de perceptions erronées qui découragent les consommateurs d’adopter des systèmes de chauffage durables.
En premier lieu, la réalité économique joue un rôle déterminant. L’inflation, les taux d’intérêt élevés et l’incertitude quant aux prix de l’énergie rendent les ménages réticents à investir dans des technologies comme les pompes à chaleur. En outre, l’électricité coûte actuellement près de quatre fois plus par kWh que le gaz. Ce rapport de prix de l’énergie défavorable sape les avantages économiques des pompes à chaleur et rend la transition moins attractive pour de nombreux foyers.
Par ailleurs, des mesures politiques incohérentes et l’absence d’une politique à long terme clairement définie créent la confusion. Ainsi, en Wallonie, certaines décisions antérieures concernant les technologies de chauffage ont été annulées, et au niveau national, le débat autour de la suppression, ou non, du taux de TVA à 6 % pour les pompes à chaleur a envoyé un signal négatif.
Mais l’effet le plus dommageable provient peut-être d’une couverture médiatique trompeuse et simpliste. Des articles aux titres sensationnalistes pointant les soi-disant inconvénients des solutions durables, comme des durées de retour sur investissement trop longues, ont profondément influencé la perception du grand public.
« Trop souvent, nous voyons des titres “clickbait” qui effraient les consommateurs au lieu de les informer », déplore Patrick O. « Les médias ont une énorme responsabilité dans la façon dont les consommateurs perçoivent des technologies comme les pompes à chaleur. Malheureusement, nous devons souvent intervenir pour rectifier des informations erronées. Mais le mal est souvent déjà fait. »
Cette mauvaise présentation ignore des éléments essentiels, comme la baisse des coûts de l’énergie durable à long terme, la hausse des taxes sur le CO₂ et la haute efficacité énergétique des pompes à chaleur. Les malentendus, combinés à un manque de communication claire sur les coûts et la réglementation futurs de l’énergie, font que consommateurs et décideurs politiques restent trop souvent prisonniers d’une vision à court terme.
Il est temps d’agir : un avenir sans regrets
Il est déjà midi cinq pour le marché belge du chauffage. Alors que les températures mondiales augmentent plus vite que prévu, consommateurs et décideurs politiques continuent d’hésiter. Ce que l’on omet souvent de souligner, c’est que rendre nos systèmes de chauffage plus durables est l’une des mesures les plus efficaces que nous puissions prendre pour le climat. À l’échelle d’un foyer, cela a même un impact deux fois plus important sur la réduction de CO₂ que de s’attaquer à notre mobilité. D’où l’urgence d’agir dès maintenant.
Les choix qui sont faits aujourd’hui auront des répercussions pendant des décennies. Pour les consommateurs, différer l’investissement dans des technologies durables comme les pompes à chaleur ne se traduit pas seulement par des coûts plus élevés, mais aussi par des occasions manquées de contribuer à un avenir plus vert. Il en va de même pour les décideurs politiques. Sans une politique cohérente et tournée vers l’avenir, les obstacles fiscaux (tels que le prix élevé de l’électricité) continueront de dissuader les consommateurs d’opérer la transition. L’ETS 2 va renchérir les combustibles fossiles, mais seules des subventions ciblées et stables à long terme permettront de véritablement enclencher la transition.
Un élément crucial de cette transition est la communication. Une couverture médiatique sensationnaliste et des articles “clickbait” ont semé la confusion chez de nombreux consommateurs quant aux avantages réels des solutions durables. Climafed appelle à un débat nuancé et factuel, impliquant les médias, les responsables politiques et le secteur, afin de rétablir la confiance des consommateurs.
L’époque des demi-mesures et des reports est révolue. Climafed insiste sur le fait que consommateurs et décideurs politiques doivent opter pour une approche « no regret » : des solutions qui sont déjà les bonnes aujourd’hui et qui le resteront demain. Le secteur du chauffage est prêt à soutenir cette transition grâce à des technologies dont l’efficacité et la durabilité sont prouvées.
« Ce n’est pas le moment d’hésiter », affirme Christophe Leroy, président de Climafed. « Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront notre mode de vie pour les décennies à venir. C’est le moment d’agir ensemble – sans regret. »