Le marché belge du chauffage en 2023 : une année de revers et d’espoirs

15/01/2024

L’ATTB, l’Association pour les techniques thermiques en Belgique, dresse le bilan d’une année difficile pour le marché du chauffage. En raison de la chute des prix de l’énergie, des taux d’intérêt élevés, du recul des transactions immobilières et des demandes de construction, ainsi que de la perte indéniable de confiance des consommateurs qui décourage les propriétaires d’investir dans l’avenir, les ventes de générateurs de chaleur ont chuté de 23 % l’année dernière par rapport à l’année précédente. Néanmoins, l’ATTB reste optimiste sur la transition verte, avec des signes prometteurs comme la réduction du nombre de chaudières traditionnelles et la croissance spectaculaire des pompes à chaleur début 2023. L’association attend donc avec impatience l’échéance de 2024 et les années suivantes, qui pourraient constituer un point de basculement vers des solutions de chauffage plus durables, tout en soulignant le besoin urgent d’engagement et de coopération de la part de toutes les parties prenantes. 

Une situation du marché préoccupante

L’année 2023 a été sombre pour le secteur, malgré un début prometteur. Les chaudières traditionnelles au gaz et au mazout ont vu leurs ventes chuter d’un tiers, ce qui est inquiétant. L’énergie solaire thermique (chauffe-eau solaires), qui, en 2022, avait enregistré des chiffres positifs pour la première fois depuis longtemps, a également chuté de 35 % cette année. Les ventes de pompes à chaleur ont ensuite augmenté de manière spectaculaire, de 140 % au cours des six premiers mois de 2023, mais cette croissance s’est brusquement arrêtée au cours des derniers mois. Après 12 mois, les ventes n'affichent qu'une augmentation de +68 % par rapport à l'année précédente.

La baisse globale des ventes de générateurs de chaleur en 2023 en Belgique est de 23 %, ce qui se traduit par 60 000 unités installées en moins par rapport à 2022 et une baisse des ventes de 0,5 milliard d’euros. Ces défis ne se limitent pas à la Belgique. Dans toute l’Europe, le secteur du chauffage connaît un ralentissement similaire. L’Allemagne était à l’origine une exception, grâce à un projet de règlement qui a d’abord donné des résultats positifs. Cependant, vu le nouveau report des règlements prévus, les ventes de générateurs de chaleur ont également fortement chuté au cours des derniers mois.

Motifs de ce recul

L’ATTB attribue le ralentissement en 2023 à une interaction de facteurs qui influencent de manière significative le comportement d’achat des clients potentiels. Par exemple, le manque de sensibilisation au rôle des technologies durables de chauffage dans la réduction des émissions de CO2 semble être un obstacle majeur et la récente chute des prix de l’énergie a réduit l’urgence d’investir dans des mesures d’économie d’énergie et des systèmes de chauffage efficaces. Simultanément, la hausse des taux d’intérêt a non seulement rendu les emprunts plus coûteux, mais a également entraîné une baisse notable des nouveaux projets de construction. L’incertitude sociale persistante, alimentée par les inquiétudes concernant l’inflation et les conflits internationaux, décourage les consommateurs d’investir, y compris dans les technologies de chauffage. Le manque de clarté des orientations politiques, comme les discussions sur la TVA concernant les solutions de chauffage, complique également la prise de décision. Enfin, l’accessibilité financière joue également un rôle crucial, l’augmentation significative des coûts des solutions de chauffage modernes incitant les propriétaires à réparer plutôt qu’à acheter de nouveaux générateurs de chaleur, ce qui réduit encore les chiffres de vente.

Perspectives pour le secteur du chauffage

La prévision de l’avenir est toujours une tâche complexe, et ce n’est pas différent pour le secteur du chauffage. Des facteurs tant positifs que négatifs auront une influence durant les prochaines années.

L’ATTB considère que la prolongation du taux de TVA réduit à 6 % sur les pompes à chaleur est un aspect positif pour stimuler l’acceptation des technologies de chauffage durable. En outre, le nombre de prêts destinés aux investissements dans les économies d’énergie augmente, ce qui permet aux consommateurs d’investir dans des systèmes de chauffage modernes et efficaces. Les résultats du sommet mondial sur le climat COP28 à Dubaï, même s’ils ne sont peut-être pas aussi ambitieux qu’on l’espérait, envoient néanmoins un signal fort en faveur d’une réduction significative de l’utilisation des combustibles fossiles. Les initiatives régionales et locales, telles que les obligations de rénovation et les mesures de promotion des pompes à chaleur et des réseaux de chaleur, contribuent également à promouvoir des solutions efficaces sur le plan énergétique.

Du côté des aspects négatifs, nous pouvons cependant citer des défis. Les années électorales sont traditionnellement marquées par un risque de blocage des initiatives, ce qui peut également affecter le secteur du chauffage. Le rapport de prix entre l’électricité et les combustibles fossiles n’est actuellement pas favorable, avec un rapport de 3,7, ce qui est plus élevé qu’en 2022. Cette situation peut influencer l’adoption de solutions durables. La confiance des consommateurs a été fortement entamée et ne semble pas se rétablir rapidement, ce qui constitue un défi permanent. Les problèmes d’accessibilité financière, évoqués plus haut, devraient également persister en 2024, ce qui empêchera les consommateurs d’investir dans de nouveaux systèmes de chauffage. Un autre problème important est le manque de personnel compétent et qualifié, en particulier dans le secteur des pompes à chaleur, qui peut entraver la croissance des systèmes de chauffage renouvelables.

Plaidoyer pour une politique tournée vers l’avenir

L’ATTB plaide en faveur d’un cadre politique clair et stable à long terme couvrant les niveaux fédéral, local et européen. Si l’initiative « Ajustement à l’objectif 55 » semblait initialement positive, elle a entraîné une surproduction en raison des investissements massifs réalisés par les fabricants. La législation devrait être à l’épreuve du temps afin d’éviter les blocages et devrait prendre en compte tous les aspects pertinents, y compris les normes de bruit.

Ainsi, selon l’ATTB, la défiscalisation des prix de l’électricité est une étape cruciale dans le but d’atteindre un rapport de prix entre l’électricité et les combustibles fossiles ne dépassant pas 2,5. Ce rapport est essentiel pour motiver les particuliers à passer à l’électricité et aux sources d’énergie renouvelable comme les pompes à chaleur, et les rendre rentables.

En outre, l’ATTB souligne la nécessité d’imposer un rendement minimum obligatoire pour les générateurs de chaleur, non seulement dans les nouveaux projets de construction, mais aussi dans les rénovations et pour les propriétaires. Il semble que des chaudières sans condensation soient encore installées, ce qui ne devrait pas être le cas. Il est très important d’établir une stratégie de sortie et une date de fin obligatoire pour ces installations.

Avec l’ambition de réaliser une transition inclusive vers des solutions durables, il est essentiel d’accorder une attention particulière aux ménages les moins aisés afin qu’ils puissent eux aussi participer activement à la transition verte. L’ATTB plaide en faveur d’une affectation efficace des primes, dans le but d’assurer que ces fonds aboutissent là où ils sont le plus nécessaires. Alors que les ménages disposant de ressources financières suffisantes ont souvent déjà investi dans les énergies renouvelables, il est désormais important de s’intéresser à ceux qui souhaiteraient contribuer à la transition verte, mais qui se sentent limités financièrement.

Enfin, l’ATTB souligne l’urgence de rendre le métier d’installateur plus attractif. Par exemple, le fait de proposer pour chaque formation un accès direct à la profession et d’intégrer des certificats dans le processus de formation plutôt qu’après pourrait rendre la profession plus attrayante et réduire de manière significative le fossé entre la formation et la pratique.